Souffrance de non admortir
Charles, par la grace de Dieu roy de France,
a noz amez et feaulx gens de noz comptes, au bailly des exempcions et ressors de Touraine, d'Anjou et du Maine et a tous noz autres justiciers, commissaires et officiers ou a leurs lieuxtenans,
salut et dilection.
La supplication de noz bien amez les chanoines et chappitre de l'eglise collegial de tel lieu
avons receue, contenant que ilz ont et possident pluseurs rentes et revenues, lesquelles ne sont encores admorties par nous, et pour ce eust despieça esté fait commandement ausdiz supplians qu'ilz les feissent admortir et en baillassent la declaracion en nostre chambre des comptes ou icelles meissent hors de leurs mains dedanz certain temps lors ensuivant ; en obtemperant auquel commandement lesdiz supplians eussent baillié la declaration en nostredicte chambre des [fol. 23] comptes et sur ce obtenu de nous pluseurs delaiz et souffrances de non admortir lesdictes rentes et revenues, esperans que pendant ce temps ilz peussent assembler la finance pour ce necessaire ; mais, tant par le siege qui fut mis etc.
comme par les guerres, divisions et chevauchees de gens d'armes qui ont depuis esté et encores sont en nostre royaume et mesmement es païs ou leurs terres et revenues sont assises, lesdiz supplians et leurs hommes et subgez ont esté et sont tant grevez et dommagiez que a peine ont ilz de quoy vivre et ne pourroient faire ladicte finance ne admortir lesdictes rentes et revenues, par quoy noz gens et officiers les ont arrestees ou empeschees et les veulent applicquer a nous, se nostre grace n'est sur ce eslargie a iceulx supplians, si comme ilz dient, requerant ycelle.
Pour quoy nous, consideré ce que dit est et que chascun jour le service divin est fait et celebré notablement en ladicte eglise de tel lieu
par lesdiz supplians, lesquelz ne le pourroient continuer ne avoir leur vie en le faisant, sinon des rentes et revenues de ladicte eglise pour ce ordonnez, a iceulz supplians en faveur de ce que dit est avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces presentes de grace especial terme, respit et delay de faire admortir lesdictes rentes et revenues de cy a deux ans prouchain venans, sanz ce que pendant ledit temps ilz soient tenus de les mettre hors de leurs mains ne pour non estre admorties paier a nous aucune finance. Si vous mandons et a chascun de vous, si comme a lui appartendra, que lesdiz supplians vous faites, souffrez et laissiez joïr et user paisiblement de noz presentes grace, respit et delay ledit temps durant, sanz ce pendant leur faire ou donner, ne souffrir estre fait ou donné aucun arrest ou empeschement en leursdictes terres, rentes et revenues ne en leurs autres biens ou choses quelzconques ; ainçoiz icelles rentes et revenues qui sont arrestees et mises en nostre main pour la cause dessusdicte, comme dit est, mettez ou faites mettre sanz delay a plaine delivrance. Car ainsi etc.
Non obstant que sur ce lesdiz supplians aient autres foiz obtenu pluseurs respiz de nous ou de nostre court, comme dessus est dit, et quelzconques ordonnances, mandemens etc.
Donné etc
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[4.6.a] * ¶ Nota que ce respit de admortir se doit adrecer a la chambre des comptes, sinon que, pour pitié et afin d'eschever despenses quant [fol. 23v] c'est pour pou de chose et pour povres gens, on est content qu'il s'adrece au bailly ou seneschal.
[4.6.b] * ¶ Item j'ay veu qu'on y mettoit pourveu que lesdictes choses non admorties dont ilz se vouldront aidier de ces presentes ilz baillent par declaracion a nostre receveur ordinaire oudit balliage dedenz
tel temps de deux ou trois moys.