Garde a double queue1
Charles etc.
,
a tous ceulz qui ces presentes lettres verront,
salut.
Savoir faisons que,
a la supplicacion de noz bien amez les religieux, prieur et couvent de tel prieuré
, nous, a ce qu'ilz puissent faire seurement et plus devotement le divin service et prier Dieu pour feu nostre tres chier seigneur et pere, pour nous et pour les trespassez pour qui ilz sont tenus de prier,
iceulz avecques leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps, s'aucuns en ont, et toutes choses, possessions et biens quelzconques, tant dudit prieuré comme autrement, estans en nostre royaume, avons prins et mis, prenons et mettonspar ces presentes en nostre protection et sauvegarde especial, a la conservacion de leurs droiz tant seulement, et leur avons [fol. 10] commis et depputé, commettons et deputons par ces presentes pour gardiens d'eulz et de leursdiz familliers et serviteurs, hommesa et femmes de corpsb, Telz
et Telz
, noz sergens.Ausquelz et a chascun d'eulz qui sur ce sera requis nous mandons et commettons que lesdiz supplians, leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps ilz maintiengnent et gardent en toutes leurs justes possessions, droiz, usaiges, franchises, libertez et saisines, esquelles ilz les trouveront estre et leurs predecesseurs avoir esté paisiblement et d'ancienneté ; et facent donner ausdiz supplians, a leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps bon et loyal asseurement, selon la coustume du païs, de toutes les personnes dont ilz et chascun d'eulz le requerront a avoir ; et les gardent et defendent de toutes injures, inquietacions et nouvelletez indeues, lesquelles, s'ilz treuvent estre ou avoir esté faictes contre ne ou prejudice de ceste presente sauvegarde et desdiz supplians, ilz les facent ramener et mettre par juge competant tantost et sanz delay au premier estat et deu et pour ce faire a nous et ausdiz supplians amende convenable2 ; et nostredicte sauvegarde publient et signifient es lieux et aux personnes ou il appartendra et dont ilz seront requis ; et en signe d'icelle, en cas d'eminent peril, ilz mettent et assieent noz pennonceaulx et batons royaulx en et sur les lieux, maisons, manoirs, terres, granches, possessions et autres biens quelzconques desdiz supplians, en faisant inhibicion et defense de par nous a tous ceulx qu'il appartendra et dont ilz seront requis, a certaines et grans peines a appliquer a nous, que ausdiz supplians, leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps dessusdiz, possessions et biens quelzconques ne meffacent ou facent meffaire en corps ne en biens en aucune maniere ; et se en cas de nouvelleté naist sur ce debat ou opposicion entre lesdiz supplians, leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps et aucuns de leurs adversaires pour raison des biens de ladicte eglise ou d'aucuns d'iceulx religieux, ledit debat et la chose contencieuse prise et mise en nostre main comme souveraine, et restablissement fait des choses prises et levees, attendu que par prevencion la congnoissance des cas de nouvelleté appartient a noz juges et officiers, adjournent les opposans ou faisans ledit debat par devant tel
c nostre plus prouchain juge des parties et choses contencieuses, pour en quel bailliaged ou ressort d'icelui ledit prieuré est assiz et aussi toute ou la plus grant parties des terres et revenues d'icelui, pour dire les causes de [fol. 10v] leur opposicion ou debat, respondre, proceder et aler avant en oultre selon raison ; et avecques ce toutes les debtes bonnes et loyaulx, congneues ou prouvees par lettres, tesmoings, instrumens, confession de partie ou autres loyaulx enseignemens, qui leur apperront ausdiz supplians et a chascun d'eulx estre deues, ilz leur facent paier tantost et sanz delay e ou a leur certain commandement, en contraingnant a ce les debteurs et chascun d'eulx par prinse, vendue, explectacion f de leurs biens meubles et heritages, detencion et emprisonnement de leurs corps, se mestier est et a ce sont obligiez ; et en cas d'opposicion, reffuz ou delay, nostre main suffisamment garnie avant toute euvre des sommes contenues es lettres obligatoires g faictes et passees soubz seaulx royaulx, ils adjornent les opposans, refusans ou delayans a certain et competant jour ou jours par devant les juges ou leurs lieuxtenans ausquelz la congnoissance en appartendra, pour dire les causes de leur opposicion, reffuz ou delay, respondre, proceder et aler avant en oultre selon raison ; et de tout ce que fait auront lesdiz gardians et chacun d'eulx certiffient suffisamment audit jour ou jours ledit bailly et iceulx juges ou leurs lieuxtenans. Ausquelz nous mandons et audit tel juge
pour les causes dessusdictes commettons, se mestier est, que aux parties, ycelles oÿes, sur les choses dessusdictes et leurs deppendences facent de jour en jour, en assise et dehors, bon et brief acomplissement de justice, non obstant coustume de païs quant a attendue d'assise. Et generalment lesdiz gardiens et chascun d'eulx facent et puissent faire pour lesdiz supplians, leurs serviteurs, familliers, hommes et femmes de corps toutes et chascunes les autres choses qui a office de gardien peuent et doivent competer et appartenir. Mandons et commandons par ces mesmes presentes a tous noz justiciers, officiers et subgetz que ausdiz gardiens et chascun d'eulx, en faisant leurdit office et les choses dessusdictes, obeïssent et entendent diligemment et leur prestent et donnent conseil, confort et aide, se mestier est et ilz en sont requis. Toutesvoyes nous ne voulons pas que lesdiz gardians ne aucun d'eulx s'entremettent de chose qui requiere congnoissance de cause. Ces presentes, quant aux debtes, aprés un an non vallables.En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a ces presentes.
Donné etc
.
[2.8.a] ¶ Nota que, quant la garde a double queue dessus escripte se fait pour ung evesque ou arcevesque, ou pour ung abbé sanz ses religieux, on doit nommer son nom dedanz la lettre en disant ainsi : A la supplicacion de nostre amé et feal Jehan
ou Guillaume, evesque
ou abbé de
tel lieu, et n'est pas besoing de mettre le seurnom ; mais quant c'est pour ung chappitre ou pour ung couvent en general, il suffist de dire les doyen et chappitre
ou les religieux, abbé et couvent de
tel lieu, sanz les nommer autrement ; mais on doit nommer les sergens ou autres qui sont depputez gardians et conservateurs afin que, quant ilz sont mors, ceulx qui prennent la garde la renouvellent, combien que aucunes foiz d'une grace especiale on deppute bien en gardians bailliz, prevostz ou autres officiers et les sergens de leurs baillages ou prevostez sanz les nommer.
[2.8.b] * Et note bien aussi que, quant la garde contendra debitis avecques la sauvegarde en cas de nouvelleté, qu'il y ait ceste clause : Ces presentes, quant aux debtes, aprés un an non vallables
, car elle y doit estre immediate devant En tesmoing
.
[2.8.c] ¶ Item nota que les gardiens doivent estre officiers royaulx et non autres, et en peut l'en prendre de deux ou de trois bailliages selon les païs ou l'en a a faire de la garde ; et communement on donne jusques a dix ou douze gardians.
[2.8.d] * Item nota que aux gardians, sinon qu'ilz fussent justiciers, on ne donne pas auctorité de ramener ce qui auroit esté fait ou prejudice de la sauvegarde, ne de donner l'asseurement, ne faire faire l'amende, mais on leur mande qu'ilz le facent faire par juge competant. Et de ce verrez plus a plain ou nota de la sauvegarde en forme commune.