Introduction au formulaire d'Odart Morchesne
Présentation
Le formulaire d'Odart Morchesne est célèbre chez les historiens de la France du XVe siècle comme chez les diplomatistes. Chez les premiers, déjà, Gaston Du Fresne de Beaucourt y a puisé nombre de renseignements inédits pour son Histoire de Charles VII (Paris, 1881-1891, 6 vol.). Chez les seconds, Georges Tessier l'a mis en lumière, montrant tout le prix des données relatives à la conception de l'office et aux lettres de finances (Le formulaire d'Odart Morchesne, 1427, dans Mélanges dédiés à la mémoire de Félix Grat, t. II, Paris, 1949, p. 75-102).
Le recueil mérite bien sa réputation. Riche, dans la version ici éditée, de quelque 270 formules, il est d'abord et avant tout une compilation de modèles d'actes royaux (essentiellement de ceux qui étaient préparés au sein même de la chancellerie : chartes, lettres scellées sur simple et double queue de parchemin). Aucun recueil n'était jusque-là parvenu à ce degré de pertinence dans le choix des types d'actes les plus variés, aucun n'avait encore organisé la matière de façon aussi efficace et structurée.
Mais le formulaire a un autre atout : plus encore que recueil de formules, il se veut outil d'apprentissage et de transmission d'un savoir-faire. Son auteur fait suivre la plupart de ses modèles d'actes de copieux commentaires, introduits par la formule Nota [bene]
, mais bientôt qualifiés d'un substantif : les notas
. Où l'entreprise devient unique, c'est que les notas de Morchesne ne se limitent pas, et de loin, à des formulations alternatives, à des remarques d'ordre diplomatique, à des recettes de fabrication. Ils entendent transmettre tout le savoir rédactionnel, juridique, institutionnel qui à la fois éclaire et conditionne la conception et la recevabilité des actes royaux.
Aujourd'hui, le formulaire de Morchesne est donc un formidable moyen de pénétrer dans le jeu concret des institutions royales du XVe siècle comme dans le dialogue entre les sujets, le roi et ses clercs.