École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 13 avril-14 juillet 1096

Gautier-Payen (vicomte de Meulan), et sa femme Comtesse, donnent l'église de Montmartre à Saint-Martin. Bouchard IV de Montmorency, seigneur féodal, approuve.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 9-10, nº 18.
  • C Copie du xiiie s., Arch. nat., LL 1399, fol. 2.
  • a Barthélemy, Recueil de chartes concernant l'abbaye de Montmartre (avec la date erronée de 1116).
  • b R. de Lasteyrie, Cartulaire de Paris, t. I, p. 144.
  • c Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après c.

Vir quidam egregius et miles strenuus, Paganus appellatus177, a baptismate Walterius, et uxor ejus a baptismate Hodierna, Comitissa nuncupata, imitari volentes precedentium patrum exempla, de possessionibus suis sanctæ Beati Martini de Campis æcclesiæ dederunt æcclesiam quæ sita est in monte qui nuncupatur Mons Martirum, altare videlicet et capsum, sepulturam et tantum atrii ubi fierent officinæ fratrum179 ; decime terciam partem, et terciam partem hospitum, terræque medietatem carruce ad possidendum. Hoc vero publice factum est in supradicta Beati Martini de Campis basilica, et super sacrosanctum altare donum est positum a supra-dicto Pagano et conjuge sua, videntibus cunctis qui aderant, quorum hæc sunt nomina : Petrus et Walo milites ejusdem Pagani, Rotbertus filius Stephani154, Heinricus filius ejus, Walo frater ejus ; Ulricus falconarius ; Walterius major36, Warinus et Teudo fratres ejus ; Helgotus et Herluinus filius ejus, Drogo nepos ejus, et Herleboldus, servi æcclesiæ ; Albericus ortolanusa, Teobaldus faber, Bernardus parmentarius ; Arnulfus major rei illus ; Rotbertus pater Johannis presbiteri et Wiardus filius ejus.

Volens itaque omnipotens Deus, qui est omnium futurorum prescius, ut, absque calumpnia, sua quiete possideret æcclesia, eo disponente, ad supradictam æcclesiam Beati Martini, quæ dicitur de Campis, venit Burchardus de Montemaurinciaco226, de cujus hoc donum quod fecerat Paganus et uxor ejus, erat beneficio ; quod et ipse Deo et senioribus, monachis scilicet Cluniacensibus inibi Deo servientibus, libenter et libere concessit, et super sanctum altare ipsius Sti Martini, quod est principale, coram cunctis qui aderant, donum misit. Hujus rei testes sunt milites ejus qui cum eo venerunt, quique hoc pactum libenter laudaverunt, quorum nomina hæc sunt : Hugo filius Teoderici135, Odo filius Odonis, Hugo de Warenna, Richardus filius Theoderici135, Philippus de Tresluza, Wido de Aquaputa, Herbertus de Vilerz136.

Nostrorum vero nomina hæc sunt : Wido comes74, Hudo de Sto Glodoaldo224, Willelmus Marmerellus, Walterius major, Rogerius filius ejus, Warinus et Teudo fratres36 ; Helgotus et Drogo nepos ejus ; Herleboldus servus æcclesiæ, Walterius et Stephanus custodes equorum, Rotgerius et Rotbertus sartores, Bernardus parmentarius.

Hoc autem factum est in Gallia regnante Philippo, Cluniacensis æcclesiæ Hugone existente abbate, apud Campos sub eo Ursione priore, Willelmo episcopo urbis Parisiace , indictione IIIIª.

Qui hæc supradicte æcclesiæ abstulerit, erit anathema.


177 Sur Gautier I, dit Payen, vicomte de Meulan, voir appendice III au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 336. Comtesse était fille de Raoul Deliés, de Pontoise, bienfaiteur de St-Martin (nº53). Le pluriel « patrum exempla » donne lieu de croire que Thouin (Thevinus) père de Gautier I, et mort avant 1072, était lui aussi l'un des bienfaiteurs de St-Martin-des-Champs.
179 « Capsum » paraît désigner la nef de l'église ; l'idée de coffre se substitue ici à l'idée de vaisseau. Le terme de chapts existait encore dans le langage juridique de l'Ile-de-France au xvie siècle. L'inventaire des titres du prieuré d'Essonnes (1742, Arch. de S.-et-O. Fonds de N.-D.-des-Champs) mentionne (p. 127) un « bail à rente de particulier à particulier, fait le 9 décembre 1544, de chapts de mazure, cour et jardin, contenant demi-quartier, assis à la Fosse de Vaux ". Le mot " atrium " (aître) signifie le terrain réservé autour de l'église, soit pour servir de cimetière, soit pour d'autres usages. Ici une portion en est concédée aux moines pour s'y installer, lorsque les besoins du service religieux les retenaient à Montmartre. " Officinæ » répond à cette idée, plus étendue que celle de sacristie. On ne saurait voir là, d'après le sens primitif du mot, des boutiques.
154 Etienne était prévôt de Paris en 1067 (nº12supra ; Cf. note 268) et peut être encore vers 1083 (nº24) : à ce moment son fils Robert, assistant à la donation de Foulques d'Annet, est qualifié filius prefecti. Robertus, filius Stephani prepositi Parisiensis, intervient dans l'accord entre St-Martin et le seigneur de Neuilly-sur-Marne (nº63). Ici il est accompagné de son frère Payen et de son neuveu Jean. Payen, fils d'Étienne, est témoin pour Raoul Deliés en 1092-1093 (nº53). C'est peut-être le même que Galon, frère de Robert, nommé avec lui et Henri, fils de Robert, en 1096 comme témoin de la donation de Montmartre (nº72). Robert de Paris, simple gentilhomme et nullement comte comme certains l'ont cru par méprise, se croisa et périt à la bataille de Dorylée (Riant, Note sur Robert de Paris, chevalier croisé. Bulletin de la Soc. de l'Hist de Paris, sept. 1879, 6e année, 5e livr., p. 130). On ne voit pas bien où se trouvaient ses domaines. Peut-être possédait-il Ivry-sur-Seine ; nous rencontrons plus loin Henri d'Ivry, gendre de Payen Hérisson de Neuilly qui prit Robert pour arbitre (nº63). S'il s'identifie avec Henri, fils de Robert, il faut lui donner pour frère Ansoud, Ansoldus filius Rotberti de Ivri, témoin en 1096-1097 (nº78). — Cf. Appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 270.
a « Hortulanus », jardinier.
226 Bouchard IV de Montmorency, qui épousa Agnès, fille de Raoul II Deliés et de Hahuis, du vivant de sa mère. La présence du roi désigné aux obsèques de Hahuis, prouve bien que cet événement est antérieur à la rupture de Bouchard IV avec Louis-le-Gros et au siège de Montmorency par ce dernier.
135 Hugues et Richard, fils de Thierri et petit-fils de Fouchard I de Montmorency. Le second fut la tige des seigneurs de Banthelu (ca. Marines, ar. Pontoise).
136 Eaubonne, ca. Montmorency, ar. Pontoise. Putus, en bonne latinité, signifie pur (voir sur la famille d'Eaubonne et l'étymologie de ce nom, un article de M. de Visme dans le Journal de Montmorency, 31 mai 1903). — Treslan, éc. Andrésy, ca. Poissy, ar. Versailles. — La Garenne, éc. Achères, ca. Poissy, ar. Versailles (?) — Villiers-le-Sec, ca. Ecouen, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Tous ces personnages se trouvent réunis, ainsi que les suivants à l'exception de Bernard l'hôtelier, auprès de Bouchard de Montmorency, à St-Martin-des-Champs en 1096 (nº72). Mais la circonstance était différente, comme le montre le changement de nom de l'évêque cité.

74 L'auteur de cette donation est une personnalité notoire du règne de Philippe Ier. C'est Gui le Rouge fils de Gui le Grand de Montlhéry ; son père assistait Henri Ieren 1059 lorsqu'il dota solennellement la collégiale de St-Martin-des champs (nº 7) et Philippe Ier lorsqu'en 1067 il en confirma l'établissement (nº 12). Lui-même intervint fréquemment pour faciliter et approuver les donations de ses vassaux au prieuré clunisien. On le rencontrera plus loin avec le titre de comte, accompagné parfois du surnom de Rochefort : « Wido comes " ou » Wido comes de Rupeforti ». Il mourut en 1107.

Élisabeth, sa seconde femme, s'identifie avec « Isabeldis, comitissa de Creciaco castro « qui, veuve de Bouchard II de Corbeil, assista à la première messe célébrée par saint Gautier, abbé-fondateur de St-Martin-de-Pontoise, sur l'autel de St-Nicolas de Morcerf (Cartul. de St-M. de P., p. 10, nº xi). Le récent mémoire de M. Estournet sur Bouchard II, comte de Corbeil dans les publications de la Société du Gâtinais, a précisé ce point. L'une des filles d'Élisabeth, Béatrix de Pierrefonds, fut aussi bienfaitrice de St-Martin des Champs.

224 Yon de Saint-Cloud est cité dans des notices précédentes à partir du nº59 (antérieurement au 1er mai 1095). Il figure, en 1096, au nombre des laïcs qui escortent l'évèque de Paris, avec Payen de Montjay (Depoin, Les Comtes de Beaumont et le Prieuré de Ste-Honorine de Conflans, p. 65).