École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » VI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros » St-Arnoul de Crépy, 1117

Martin (Mathieu Ier ?), prieur de St-Martin-des-Champs, prend part aux délibérations d'une cour ecclésiastique présidée par Clérembaud, évêque de Senlis, à St-Arnoul de Crépy. Le chevalier Enguerran est débouté de ses revendications sur un bourg situé dans la banlieue de Crépy, dont son aïeul s'était emparé, et qu'il avait restitué sous réserve de jouissance précaire pour lui et un seul héritier. Il est constaté que ce bourg fut donné par Gautier II, comte d'Amiens et de Crépy, et sa femme, la très noble Adèle, avec l'agrément du roi Robert II, au monastère de St-Arnoul. Ce don fut confirmé par les métropolitains de Reims, de Rouen et de Sens et de nombreux évêques, et par un privilège pontifical accordé par Jean XIX [1024-1033]. Assistent au plaid les abbés Guibert de Nogent, Eudes de St-Crépin de Soissons, Baudoin de St-Vincent de Senlis, les chevaliers Adam de Crépy, Daimbert de Montereau, Richard II de Béthisy et autres.

  • A Original perdu.
  • B Cartulaire de St-Arnoul de Crépy, perdu (Cf. H. Stein, Bibliographie générale des Cartulaires français, nº 1103).
  • a Gallia christiana nova, X, Instrum., col. 423-424.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
  • Carlier, Histoire du duché de Valois, t. I, p. 445.
D'après b.

In nomine Domini, amen. Ego Clarembaldus Silvanectensis episcopus, notum facio omnibus justiæ cultoribus, qualiter die data placiti apud Crespeium, in curia Sancti Arnulfi, sub justitia Hugonis, ejusdem loci prioris, quidam miles Ingelrannus proclamavit contra monachos Crespeienses quoddam burgum, in suburbio castri situm et a monachis ab antiquo possessum, dicens illud sui juris esse debere, et tam a suo avo quod a suo patre Drogone possessum fuisse ; addidit etiam matrem suam per dies aliquot et noctes tenuisse. Ad hæc monachi respondentes dixerunt : « Si parentes vestri aliquid in burgo illo tenuerunt, violentia fuit. Walterius namque, comes Ambianensis simul et Crespeiensis, cura uxore sua Adela nobilissima, inter multa alia illud beato Arnulfo olim dederunt, et assensu regis Francorum Roberti idipsum confirmari fecerunt ; hoc autem Arnulfus archiepiscopus Remensis, Robertus archiepiscopus Rothomagensis, Leotherius archiepiscopus Senonensis354 et alii quamplures episcopi sub anathemate confirmarunt. Postmodo vero Johannes papa (qui sedit ab ad M. XXXIII)a auctoritate privilegii sui illud idem corroboravit ; insuper et dominus papa Paschalis, præteritis annis, apud Latiniacum super Marnamb privilegii sui præcepto sancivit. « Supradicti quoque monachi hæc etiam addiderunt, dicentes quod » Hugo avus ejus, qui burgum illud violenter invaserat, ad ultimum recognoscens violentiam, burgum beato Arnulfo dimisit, præter mansuram suam, quam sibi tantum et uni hæredi suo, sub censu trium solidorum ecclesiæ quotannis reddendorum, retinuit ; ita videlicet ut per obitum suum et sui tantum unici hæredis in perpetuum ecclesiæ remaneret. Defuncto autem hærede, jus suum ecclesia ex integro recepit, quiete plus quam viginti quinque annis tenuit, cum Ingelrannus decem annis et eo amplius, in patria miles extitisset, et magnam inde calumniam ostendisset. « His dictis, apostolica privilegia citata, quæ dicta sunt affirmantia, monachi præsentaverunt ; qui vero adversabantur, nihil omnino contra privilegia dixerunt. Post hæc prior Hugo, qui justitiam causæ tenebat, judicium fieri præcepit ; et cum ecclesiastica persona, scilicet Hugo, prior canonicorum de Bethisy, judicium repræsentaret, Ingelrannus subterfugit, et qui ad justitiam venerat ecclesiasticam, judicari ab Ecclesia contemsit, unde judicio ecclesiastico locum clamoris amisit. Huic audientiæ affuerunt mecum Wibertus abbas de Nongento355, Odo abbas Suessionensis, Balduinus abbas canonicorum Sancti Vincencii Silvanectensis355, Martinus prior Sancti Martini de Campis356, Hilo prior de Coinceio357, Robertus prior de Sancta Margareta, Artaldus prior de Nantolio357 cum multis aliis honestis viris, tam clericis quam monachis. Laici vero sunt hi : Adam de Crispeio, Daimbertus de Monsteriolo, Radulfus de Mastroso, Richardus castellanus de Bethisy, Paganus del Castel, Walterus de Faredo, Tancardus, Fulco præpositus, Viardus telonearius et multi alii Crassod rege Francorum.


354 Arnoul, archevêque de Reims, élu en 988, mort le 5 mars 1021. — Robert, archevêque de Rouen, élu en 990, mort avant le 10 avril 1037. — Lierri, archevêque de Sens, consacré en 1001, mort le 26 juillet 1032. Ces personnages ont dû se trouver réunis à l'occasion du sacre de Hugues II, fils de Robert le Pieux, à Compiègne, le 9 juin 1017. — Carlier (Hist. du Valois, III, Preuves, p. 10) donne la bulle de Pascal II (Lagny, 3 mai 1107). Cf. Jaffé-Wattenbach, I, 740, nº 6132 (4560).
a Les limites de date incluses dans la parenthèse sont une glose du copiste ou de l'éditeur.
b Le texte portait apparemment « Maternam ».
355 Guibert, célèbre écrivain du xiie siècle, dont les œuvres furent mises au jour par D. Luc d'Achery, fut élu en 1105 abbé de Nogent-sous-Coucy, et mourut en 1124 (Gallia, IX, 607). — Eudes, ancien moine de Morigny, devenu abbé de St-Crépin-le-Grand de Soissons, fut transféré à St-Remi de Reims en 1118 (Gallia, IX, 397). — Baudoin I, abbé de St-Vincent de Senlis, est cité dans de nombreux titres à partir de 1117 ; il fut remplacé par Baudoin II en 1138 (Gallia, X, 1495).
356 Martinus est-il le résultat d'une confusion du scribe et s'agit-il ici du prieur Matheus ou Mathieu Ier ? Le prénom de Martin porté par un moine bénédictin est normal et rien n'autoriserait à le révoquer en doute, sans preuve contraire. Mais aucun texte, ni dans les archives ni dans le nécrologe de St-Martin-des-Champs, ne relate un prieur Martin à la tête de la communauté. Le seul moine de ce nom commémoré mourut étant prieur de Cressonsacq, au xiiie siècle.
357 Coincy, ca. Fère-en-Tardenois (Aisne), où se trouvait en 1354 le « prioratus Sancti Petri de Coinssiaco ». Matton (Dict. topog. de l'Aisne, p. 73) attribue la fondation du prieuré de Coincy à Thibaud III de Champagne en 1072 ; mais il ne cite aucun acte le concernant antérieur à 1165. — Sainte-Marguerite, éc. Bucy-le-Long, ca. Vailly, ar. Soissons. — Nanteuil-le-Haudouin, ar. Senlis.
d « Crasso » constitue une interpolation du copiste.