278 Gournay-sur-Marne, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Il est surprenant
que ni la donation primitive de Gui le Rouge à St-Martin-des-Champs, ni
l'approbation de Louis VI n'aient été conservées sous une forme
diplomatique ou tout au moins par des notices insérées dans un recueil de
titres. Les lettres de l'évêque Gilbert II sont le seul document qui
atteste l'existence de ces actes, alors que d'autres, moins importants,
concernant Gournay, furent insérés au Liber Testamentorum de
St-Martin, et bien qu'à Gournay même un cartulaire important ait été composé.
L'énoncé de la charte épiscopale ne va pas sans difficultés. On y attribue à Gui
le Rouge, et Aélis (sa première femme ; cf. p. 49, note a, et p. 63, note 74) non seulement la construction
de Notre-Dame de Gournay, ce qui est admissible, mais aussi la donation de
l'église et de son douaire à St-Martin. Or, Gui s'est remarié peu de temps après
l'établissement des Clunisiens à St-Martin-des-Champs, tandis que le silence de
la bulle d'Urbain II ne permet pas de considérer la donation de
Gournay comme antérieure à 1096. D'ailleurs, Gilbert constate l'approbation
donnée par le roi Louis à cette donation ; elle est donc postérieure à 1098.
Enfin la lettre suivante d'Ives de Chartres montre qu'il existait à Gournay une
communauté à laquelle il invite le prêtre Gonthier à se joindre et qui paraît
être une collégiale plutôt qu'une congrégation. (Ives n'aurait pu agir avec une
autorité semblable sur un monastère dépendant de Cluny et situé dans un diocèse
autre que le sien) :
« Ivo, humilis Carnotensium episcopus, Gontherio (al. Gunheriov. c.) fratri et
compresbytero ascendenti e convalle lacrymarum, intense cantare canticum
graduum.
« Gaudeo te quasi postliminio rediisse, gratias agens protectori nostro, cujus
misericordia te protexit etiam per marina discrimina. Nunc ergo quia incolumis
es redditus fratribus tuis, licet desiderio interne quietis omnibus prodesse non
possis, tamen vel paucis prodesse non graveris. Unde monco fraternitatem tuam ut
ad ecclesiam Gornacensem Beatæ semper Virginis transeas, ubi
et desiderate quieti vacare, et aliquorum fratrum saluti poteris providere. De
cetero ora pro me, frater charissime, ne remigantem in altitudine maris
tempestas submerget me. Vale. »
(Ivo Carnotensis episcopi epistola xi, edit.
Magne, Patrologia latino, t.
CLXII, col. 24. — Cf. Lebeuf, Hist. de la ville et du dioc. de
Paris, édit. Bournon, t.
IV, p. 610).