91 Il ne saurait y avoir le moindre doute
sur la lecture « Hiio ». Elle est du reste confirmée par la mention comme témoin
d'une charte donnée entre 1079 et 1085 (Cf. tome
I,
p. 50,
nº 25) de « Helo nepos Helonis de Firmitate ». L'historien du Valois, Carlier, a
supposé sans fondement que l'institution d'un châtelain à la Ferté-Milon
remonterait seulement au départ de Hugues de Crépy pour la Terre-Sainte en 1102
(
Hist. du duché de Valois,
III, 368). Il reconnaît
lui-même que dès 1096 se rencontre la souscription d'un « Hugo Albus " sur une
charte de Hugues de Pierrefonds, évêque de Soissons. La forme " Hugo » qu'a
revêtue le nom de ces châtelains vers la lin du règne de Louis
VI,
provient d'une mutation de
Hyon en
Huon ou
Huyon, suite d'une confusion qui n'est point un phénomène rare en
onomastique. — Le château de la Ferté-sur-Ourcq (ou en Orceois) possédait les
reliques de saint Voulgis qui y furent, dit-on, placées par son fondateur Milon,
au VIII
e ou peut-être au début du IX
e
siècle (
Acta Sanctorum Octobris,
I, 193). Mais
l'église du pays, dédiée à saint Vaast, était soumise aux chanoines de
Ste-Geneviève de Paris (Cf.
Cartulaire ms.
de
Ste-Geneviève, fol. 239), qui avaient pour lieu de refuge Marisy, bourg
fortifié par Aimyaud, comte de Meaux au IX
e siècle (Cf.
Carlier,
III, 197). Le châtelain Thion de la Ferté (
Theudo
de Firmitate que appellatur Ure) renonça, sous Henri I
er, aux coutumes qu'il avait injustement établies sur Marisy (Ibid. Pièces
justif., nº
1. — Tardif,
Monuments hist., nº 280). Cet
acte est antérieur à 1047 (
Gallia,
VII, 705). En 1086
« Hugo de Firmitate Milonis » est témoin d'un acte d'Aimon de Crépy en faveur de
Saint-Quentin de Beauvais (Coll. Moreau,
XXXIV, 189). Le titre suivant
prouve qu'il fut aussi seigneur de Braisne : « Notum sit
t. f. q. p.
quod
Manasses,
Suessorum episcopus, altare de
villa que vocatur
Lostria, post mortem
Hugonis clerici, qui illud in personatico habuerat, reddidit
ecclesie Sancti Johannis ad canonicos regulares integre et perpetuo
habendum, poscente hoc et imperante domno
Hugone Albo,
domino Branensi, optimo principe, et circa amorem prefate ecclesie
laudabiliter fervente, tempore domni
Petri ejusdem loci
reverendi abbatis... « (Arch. de la mense abbatiale de St-Jean-des-Vignes, copie
de
D. Grenier, Coll. Moreau,
XLII, 128-129, avec la date :
« vers l'an 1106 »). — Pierre I
er, abbé de St-Jean (élu après
1089), disciple de saint Bruno, paraît dans la charte de l'évêque Manassé,
confirmant la donation de la chapelle de Saint-Vougis dans le château de La
Ferté-Milon en 1100 ; il mourut un 5 mai, entre 1108 et 1121 (
Gallia
christiana,
IX, 457).
D. Grenier identifie
Lostria avec
Loatre, Louâtre, cant. de
Villers-Cotterets (Matton,
Dict. topogr. de l'Aisne,
p. 458). En 1096 « Hugo Albus » souscrit, le premier d'entre les
laïcs, une charte de Hugues, évêque de Soissons (Poupardin,
Rec. des
chartes de St-Germain-des-Prés,
I, 115). Lisiard, évêque de
Soissons, relate, dans un acte de 1110, que « Hugo Albus dominus de Firmitate
Milonis et Helvidia uxor ejus, assensu filii sui Guillelmi et uxoris ejus Sybille,
capellam Sancti Vulgisi in eodem castro sitam, liberam... Petro abbati Sancti
Johannis de Vineis... rediderunt. » (Carlier,
III, Pièces justif., nº
9). — Ce donateur est bien identique à l'auteur de la cession du Vivier à
St-Martin-des-Champs, puis à l'ordre de Prémontré. « Hugo Albus » fut témoin d'une
charte de St-Arnout de Crépy en 1106 (Coll. Moreau,
XLII, 126) et d'une
donation d'Aubri d'Oulchv, à
N.-D. de Nanteuil en 1121 (Du Plessis,
Hist. de l'église de Meaux,
t.
II, Pièces justificatives, nº
xxxv,
p.
23).
92 L'église du Vivier est comprise, dans
une bulle du pape Honoré
II, du 17 février 1127, parmi les possessions
de l'ordre de Prémontré ; la communauté dont elle était le siège prit la
dénomination plus élégante de
Vallis serena (Valsery) sous
laquelle elle est connue (commune de Cœuvres, ca. Vic-sur-Aisne, ar. Soissons). La
Gallia christiana (IX, 485) aussi bien que l'historien de la
congrégation, Hugo d'Etival, a ignoré la pièce que nous publions ici. L'abbé Hugo,
dans les
Annales ordinis Praemonstratensis, reproduit une
concession de Lisiard, évêque de Soissons, portant que « Hugo Albus " de la
Ferté-Milon, sa femme " Helvidis » (Avoie) et leur fils, à la prière de Norbert,
donnèrent à l'abbé Henri et à ses frères l'église du Vivier, par les mains du
prélat. Mais l'acte est douteux. A la date de 1121 qu'il porte, l'ordre de
Prémontré n'existait pas encore. La vie primitive de Norbert, éditée par l'abbé
d'Etival en 1704, dit qu'il fut consacré en 1126, à son retour de Rome, abbé pour
l'église du Vivier ; l'institut de Prémontré fut approuvé par le Pape le 28 juin
1126. Il dut y avoir entre le prieur Mathieu I
er
qui se trouvait à Rome cette même année, et le fondateur de la nouvelle
congrégation, saint Norbert, un échange secret de promesses qui fit passer Le
Vivier, et comme nous allons le voir, Bucilly aux mains des Prémontrés, moyennant
des compensations convenues. Notre charte prouve, en tout cas, qu'il y avait au
Vivier des chanoines dès
1123.