École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 3 » XIII. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Philippe-Auguste (1180-1223). » 1188-1190

Isembard, abbé des Fossés, rappelle que, sous son devancier Thibaud, Simon de la Glaisière échangea une terre avec N.-D. de Gournay contre 120 arpents de bois à Ozoir [la Ferrière], pour lesquels il payerait un cens de 60 sols. Le bois ayant été mesuré, s'est trouvé contenir 17 arpents de plus ; le cens sera proportionnellement augmenté.

  • A Original jadis scellé, Arch. nat., S 1417, nº 85.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Ego Isembardus, Dei gratia abbas Sti Petri Fossatensis154, notum facio p. et f. quod domnus Symon de Gliseria151, tempore venerabilis memorie domni Theobaldi predecessoris nostri, dedit ecclesie de Gornaio quandam terram pro cxx arpennis apud Oratorium, villam nostra153, ad censum lx solidorum. Procedente vero tempore, cum domnus Symon predictam terram mensurari fecisset, inventi sunt in eadem terra xvii arpenni preter predictos cxx. Cum igitur inter ecclesiam de Gorneio et predictum Symonem, super hoc controversia diu versaretur, tandem in presentia nostra hoc modo pacificata est : Sepedictus Symon, assensu nostro, concedente uxore sua Aales et liberis suis, Johanne, Guillelmo, Philippo, Hawide, concessit supradicte ecclesie de Gornaio eandem terram, certis limitibus designatam, in perpetuum possidendam, scilicet cxx et xvii arpennos, ad censum lxviii solidorum et vi denariorum apud Oratorium annuatim reddendorum, de tali moneta qualis curret in eadem villa. In predicta autem villa domnus Symon, preter censum designatum, nichil sibi aut heredibus suis retinuit, neque justiciam, nequea revoement, neque vendiciones, neque aliam exactionem. Si vero predictus census statuto termino solutus non fuerit, ecclesia de Gorneio per plenam legem emendabit. Hanc conventionem concesserunt Hugo Briardus qui ipsam terram tenebat de me, et Josbertus Briardus qui eam tenebat de predicto Hugone.


154 La dernière charte connue de Thibaud II, abbé de Saint-Maur, est de l'année 1187 ; la première connue émanant de son successeur Isembard est de 1190. Isembard mourut en 1199 (Gallia, VII, 292). Le mesurage ayant dû suivre de près la vente faite aux moines (des actes du XIIIe siècle impartissent un délai d'une année pour effectuer cette opération lorsque la contenance énoncée est approximative), on peut donner à cet acte une date très voisine de 1190, d'autant que la vente fut faite sous le prieur Simon et qu'en 1187 Thibaud était encore prieur de Gournay.
151 La forme latine Gliseria qui répond étymologiquement à « la Glaisière " se trouve d'ordinaire, par corruption, rendue par la graphie moderne " la Glacière ». Il existe un hameau de ce nom dans la commune de Gouaix (ca. Bray-sur-Seine, ar. Provins). Simon de la Glaisière se rattache à la famille des Briard de Corbeil, devenue propriétaire des bois d'Ozoir par l'héritage de Rembour, fille de Nantier de Montjay, mariée à Eudes Briard (Cf. l'intitulé d'une charte donnée sous Louis le Gros, dans Poupardin, Recueil des chartes de St-Germain-des-Prés, t. I, p. 136). En 1218, Guillaume de la Glaisière et son frère Philippe s'accordèrent avec Saint-Maur-des-Fossés au sujet de la justice d'Ozoir ; leurs parents, Simon et Aélis (Aales), vivaient encore. Ces bois étaient dans la mouvance de Joubert Briard. En 1231 Gui Briard approuva la cession des droits d'usage dans les bois d'Ozoir, faite aux moines de Saint-Maur par Simon de la Glaisière, et à laquelle Joubert, père de Gui, avait consenti (Ms. lat. 5416, fol. 227, 230). Jean, fils de Guillaume de la Glaisière, prend le surnom de Jolivet dans un acte par lequel, en 1248, il vend à St-Antoine de Paris, pour 200 livres parisis, 30 arpents de son bois de la Fosse-Brunon, à Ozoir-la-Ferrière (Arch. nat., LL 48, fol. 108-110). - Sur cette famille, cf. Depoin, Les vicomtes de Corbeil, p. 30.
153 Conches, ca. Lagny, ar. Meaux. - Le Val, éc. Nanteuil-lès-Meaux, ca. Meaux. - Ozoir-Ia-Ferrière, ca. Tournan, ar. Melun.
a Ducange (édit. Henschel, V, 759) explique par « præstatio pro tutela » ce mot qui a échappé à Lacurne de Sainte-Palaye.