École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » XI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VII (1137-1180) » 1155 — 1168

Béatrice de Rochefort, femme de Dreux de Pierrefonds, donne à St-Martin-des-Champs, avec l'approbation du roi Louis VII, sa terre de Bonnelles ainsi que tous ses droits de justice.

  • A1 Original, Arch. nat., S 1409, nº 28 ; beau sceau de Béatrice de Pierrefonds (Inventaire, nº 2654.
  • A2 Original Arch. nat., K 23, nº 114, sceau manquant.
  • B Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 120, collationnée et complétée sur A.
  • C Copie du xve s., Arch. nat., LL 1352, fol. 133'
  • D Copie du xvie s., Arch. nat., LL 1353, fol. 142.
  • a Tardif, Monuments historiques, nº 473, d'après A2.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Beatrix de Petrafonte247 notum fieri volo tam presentibus quam posteris quod ecclesie Bti Martini de Campis et monachis ibidem Deo servientibus, concedente et laudante domino meo regeLudovico413 dedi et concessi quicquid habebam vel possidebam in villa que Bonnelles202 nuncupatur, terram, hospites, censum, nemus, justiciam, dominium, minagium et omnes redditus meos ; preposituram, salvo jure prepositi ; et omnes feodos, et quicquid de feodo Bonelle pertinet sive de feodo exit, seu Nocenis414, seu ubilibet. Et ut donum hujus helemosine firmius stabiliretur, sigilli mei impressione et testium subnotatione corroborari precepi. Hii sunt testes : Symon subprior415, Joszo sacrista320, Petrus nepos meus, monachi ; Remigius decanus Sancti Germani416 ; Fulcoinus, Rogerus, Vitalis, Imbertus et Galterius presbyteri ; Odo Bucellus319, Helluinus de Mollent, Hubertus, Robertus major, Gum-bertus, Adam Rufus, Algardus, Constancius et Adam Rosa, laici.


247 Asnières-sur-Oise, ca. Luzarches, ar. Pontoise.

413 Béatrice de Rochefort agissant seule, comme dame de soi, est donc veuve. Son mari, Dreux de Pierrofonds, fut l'un des chevaliers qui accompagnaient Louis VII à Toulouse en janvier 1155 (Luchaire, Actes de Louis VII, nº 339). L'acte est postérieur à cette date et antérieur à 1168, date où Béatrice avait cessé de vivre. En le comparant au nº360, dont la date n'est d'ailleurs qu'approximative, ou serait tenté de le reculer d'une dizaine d'années, vers 1158.

Des lettres de Mathieu, abbé de St-Denis en 1284 (Arch. nat., S 1409, nº 18) portent qu'il eut sous les yeux « cartam beate memorie Beatricis de Petrofonte, filie quondam comitis Montifortis ». Montfort ne fut érigé en comté qu'en 1226 en faveur d'Amauri V, en compensation de la cession de ses droits sur le Languedoc à Louis VIII. C'est de Rochefort que l'abbé de St-Deuis a voulu parler dedi et concessi quicquid habebam vel possidebam in villa que Bonnelles.

414 Nonciennes, comm. de Bonnelles, ca. Dourdan, ar. Rambouillet.
415 Simon est le second sous-prieur de ce nom. Il était tertius prior dans l'été de 1151 (nº326). Il remplaça Manassé, sous-prieur le 18 juin 1152 (nº332), qui devint abbé peu après d'un monastère non indiqué et mourut avant le 1er janvier 1155, d'après les diptyques funèbres de St-Martin. Le sous-prieur Simon II est cité en 1157-1158 (nº358 bis).
320 Gamon, prieur de Gournay dès 1137 (nº240), voulut, à l'imitation du prieur de Beaumont-sur-Oise, construire un pont et fit à ce sujet, avec Galeran II de Meulan et Agnès de Montfort, des arrangements qui ne purent aboutir. Il mourut, d'après les diptyques funèbres de St-Martin, à une date intercalaire entre le 19 avril 1152 (décès de Hugues V, abbé de St-Germain-des-Prés) et le 1er janvier 1155 (mort de Mathieu Ier, comte de Beaumont-sur-Oise). Guillaume le remplaçait à Gournay dès le 5 juin 1154 (nº336). Parmi les témoins, tous moines, figurent le sous-prieur Simon de Mello (nº320) ; Roger, prieur de Choisy dès 1137 (nº240), les sacristains Pierre (mort après Gamon et avant le comte Mathieu Ier, d'après les diptyques), en charge dès 1150 (nº324), et Jozon. Le nécrologe écrit vers 1195 (Bibl. Mazarine 3347, ancien 1344 A) note au 19 mai (fol. 35) cet obit extrêmement intéressant : « Joszo monachus sacrista, qui jacet in capella Beate Marie quam ipse edificavit, cui concessimus ut semper in ejus anniversario missa matutinalis ibidem celebretur, et magna signa, que ipse fecit, pulsantur. « Il vivait encore en 1176. Nous regardons la convention faite avec le prieur de Gournay, ainsi que les deux contrats précédents, comme étant au nombre des actes de mauvaise administration que Pierre le Vénérable impute à la faiblesse du prieur Eudes II et qui motivèrent sa retraite.
416 Remi Ier Chevalos est cité comme doyen de St-Germain-l'Auxerrois après Gui, vivant en 1150 ; il est mentionné dans un bref d'Alexandre III à Louis VII, du 4 février 1165 (n. st. ; cf. Jaffé-Wattenbach, nº 11109 (7424). — Il était encore doyen en 1171 et mourut le 24 octobre, probablement de cette même année (Gallia christiana, VII, 254-255). Il fut remplacé, non par Simon de Saint-Denis, qui résigna sa charge avant 1176, comme le dit la Gallia, mais par Pierre, non cité dans ce recueil, et qui fut témoin en 1173 d'une charte de l'évêque Maurice (nº414) où il est ainsi désigné : « Magister Petrus, decanus Sancti Germani. »

319 Moisselles, ca. Ecouen, ar. Pontoise. — Il n'est point question de cette dîme dans la bulle du 2 juin 1147.

Etienne Boucheau se fit moine à St-Martin ; son nom figure dans les dyptiques funèbres du xiie s., sous la forme « Stephanus Bucel », postérieurement à 1155. Cet acte montre que les Boucheau, famille de la bourgeoisie parisienne, sont une branche des Le Riche de Paris.