École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Vers 1096

Le prieur Ourson afferme au laïc Bernard le casuel de la petite église sur la colline de Montmartre, dite Sanctum Martyrium, à charge d'y faire célébrer la messe deux ou trois fois par semaine, tant qu'il vivra, et de laisser à sa mort ses biens au prieuré.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 15, nº 32.
  • a Marrier, Monasterii S. M. de C. historia, p. 319.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

Notum esse volumus contemporaneis etposteris nostris, quoniam parva æcclesia que in colle Montis martirum est, et a vulgo appellatur Sanctum Martirium180, erat olim laicorum hominum qui, pro absolutione peccatorum suorum et salute animarum suarum consequenda, eam dederunt Deo et Sto Martino de Campis et domno Ursoni priori, et senioribus ejusdem loci. Domnus autem Urso, assensu seniorum et rogatu laicorum, concessit oblationem totam que afferretur in ea Bernardo laico, in vita sua, ad censum x solidorum, quos persolvet , singulis annis ; eo tenore ut in die mortis ipsius Bernardi, prefata oblatio Sto Martino remaneat, et quicquid facultatis eo die Bernardus habuerit, Sto Martino relinquat pro anima sua et, dum vixerit, missam celebrari faciet in ipsa ecclesia, bis vel ter in ebdomada.


180 Cette expression ne saurait laisser aucun doute sur l'origine, quelquefois contestée, du nom de Montmartre. Le sanctuaire du Martyrium était évidemment distinct de l'église paroissiale de ce quartier, puisque l'office ne s'y célébrait qu'irrégulièrement. Cela se conçoit, car le sarcophage du Martyrium, s'il a renfermé, comme on peut le croire, les ossements des premiers apôtres de Paris, transportés à Saint-Denis par Dagobert, n'était plus qu'un cénotaphe. Il y a tout lieu de reconnaître dans ce sanctuaire l'oratoire bâti vers 475, à l'inspiration de sainte Geneviève, par le prêtre Genies, sur la sépulture des martyrs, et dont l'emplacement n'a jamais été bien déterminé (Voir à ce sujet la discussion de Toussaint Du Plessis, Annales de Paris, p. 23, 39). Le témoignage concordant des hagiographes de saint Denis et de sainte Geneviève est donc pleinement confirmé. M. Auguste Longnon en avait déjà pris très brillamment la défense contre Julien Havet (Centenaire des Antiquaires de France, Recueil de Mémoires, 1904, p. 251). D. Marrier (Monasterii Sti Martini... historia, pp. 321 et suiv.) relate le procès-verbal de la découverte, à laquelle il assista le 3 juillet 1611, d'une catacombe chrétienne où on accédait par un escalier de 50 marches. Une planche de Jaspar Isaac représente la galerie de cette profonde crypte située sous l'église des religieuses. La chapelle des saints Martyrs s'élevait au bas de la clôture du monastère, sur la pente de la colline monmartroise, à l'opposite de Paris.