École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1108

Galeran du Puiset, seigneur de Villepreux, donne la terre d'Aulnay près Saint-Cloud (Suresnes) ; Gui, son frère, qui tenait alors le château du Puiset (comme tuteur de leur neveu Hugues III) approuve ce don, en présence de Mathieu I, comte de Beaumont, et de Bouchard IV de Montmorency.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 14', nº 31.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Sciant omnes Stæ Aeclesiæ filii presentibus et futuris quod Walerannus de Villaperor41 dedit æcclesiæ Sti Martini de Campis, pro anime sue requie et parentum suorum defunctorum salute, terram que Alnetus dicitur, consistentem apud Stum Clodoaldum312 Hoc donum fecit idem Walerannus prius in capitulo, coram senioribus, et postea super Sti Martini altare posuit, audientibus et videntibus testibus quorum ista sunt nomina : Hugo de Aveneriis307, Matheus de Villaperor, Warinus frater majoris36, Bernardus de Aneto13, Johannes pauper, Ansoldus sutor, Walterius frater Drogonis, Otrannus famulus Prioris, Belinus de Hospicio.

Hoc donum concessit Wido qui tunc tenebat castrum Puteoli10, quia frater Waleranni erat, audientibus his testibus : Matheo comite Bellimontis306, Burchardo de Montemaurincio226, Walterio filio Rosseti, Warnerio fratre ejus ; Walterio preposito, Oilardo filio ejus, Petro de Masnile, Petro de Petrefonte308, Thoma de Entrevilla309.

His ita gestis, aliquanto tempore elapso, Hugo filius Ebrardi ad quem, paterno jure, predictum castrum Puteoli pertinebat, quadam die ad Stum Martinum venit, et rogatus aa domno Teobaldo priore et domno Gilduino fratre predicti Waleranni254, concessit donum quem patruus suus fecerat, et accedens ad altare, posuit donum super illud, coram positis his testibus : Walterio scutario, Bernerio filio Warnerii Longi, Radulfo filio Malgoti, Walterio vicario, Rotgerio filio Joscelini, Burdino cognato Rainardi Rufi, Bernardo filio Haimerici (omnes hi de Belvaco) ; Teobaldo magistro ejusdem Hugonis.


41 Levesville-la-Chenard, ca. Janville, ar. Chartres. Cette paroisse a pris son nom des Chenard (Chanardus, Canardus), que nous rencontrons plus d'une fois dans le Liber Testamentorum : Aimeri fils de Renaud etc.

312 Cette donation pourrait être une suite de l'acquisition énoncée dans la charte qui précède. La présence du maire Thion laisse à penser aussi qu'elle se rapproche beaucoup de cette date. — Sur les « calciamenta comparanda », cf. note a, p. 165.

D'après Lebeuf (Histoire de la ville et du diocèse de Paris, édit. Bournon, t. III, p. 37), la terre de l'Aunay, à Saint-Cloud, fut tenue en fief par Jean de la Barre, comte d'Etampes (13 avril 1526-février 1534). En 1551, l'archevêque de Tours passa titre nouveau aux religieux de St-Martin pour ce qu'il y avait, ce qui fut ratifié par l'évêque de Paris.

Une note marginale du Liber Testamentorum rattache cet Aunay à Suresnes. Lebeuf n'en précise pas l'emplacement.

307 Avenières, à l'extrémité de la forêt de Marly, touchant Feucherolles (ca. Marly-le-Roi, ar. Versailles) qui est voisin de Villepreux. Au xviiie s., il est encore question de la seigneurie d'Avenières (Jos. Tardif, Bibl. de l'École des Chartes, 1898-1899. Coüard, Bul. de la Com. des Antiq. et Arts de Seine-et-Oise, 20e vol. [1900], pp. 41-53). Cette terre appartenait, au xiiie siècle, à une branche de la famille des Gasce de Poissy.
36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.
13 Annet-sur-Marne, ca. Claye-Souilly, ar. Meaux (Seine-et-Marne).

10 Hugues, comte de Dammartin, que nous rencontrerons plusieurs fois comme témoin de chartes postérieures, avait pour père Manassé, comte de Dammartin, frère de Haudouin III, comte de Ramerupt. Conseiller intime et probablement chambrier (noster a secretis) du roi Robert en 1031 (Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 626), Manassé périt auprès de Bar-le-Duc, dans la même journée où fut tué Eudes II, comte de Chartres (Hugues de Flavigny, Chron., ap. Mon. Germ. hist., Scriptores, VIII, 401 c'est-à-dire le 15 novembre 1037 (Aug. Longnon, Obituaires de la province de Sens, t. II, préface, p. viii). Sa veuve fit de grandes libéralités à St-Vanne de Verdun où les victimes du combat furent ensevelies (Vita S. Richardi abbatis Virdan., ap. M. G. h., Scriptores, XI, 288). Elle se nommait Constance ; c'était sûrement une fille de Robert le Pieux et de sa dernière femme ; filiation qui motive l'attribution des prénoms robertiens d'Eudes et de Hugues aux fils issus de son union avec Manassé (Guérard, Cartul. de St-Père de Chartres, p. 175). Eudes, omis par l'Art de vérifier les Dates, bien que cité avec son titre dans un diplôme de 1060, mourut peu après sans postérité mâle. Il laissa le comté de Dammartin à son frère cadet Hugues, précédemment établi à Bulles (Hugo Buglensis comes, titre que lui donne Ives de Chartres, éd. Bouquet, Rec. des Hist. de France, XV, 242), qui lui venait de sa femme Rohais. Au cours d'une grave maladie en 1075, il restitua à St-Lucien de Beauvais les églises de Bulles (Louvet, Hist. du Beauvoisis, I, 630-634) ; les chanoines qui les occupaient protestèrent devant le concile d'Issoudun en 1081 (Achery, Spicileg., III, 128). Revenu à la santé, Hugues partit en Terre-Sainte pour accomplir un vœu ; il y fut fait prisonnier, et sa rançon ayant été fournie par les Bénédictins du Bois-Saint-Michel, dépendant de Vezelay, il fonda à son retour le prieuré clunisien de St-Leu d'Esserent (Louvet, I, 645 ; cf. Mém. de la Soc. acad. de l'Oise, X, 493) en 1081 (Chan. Eug. Müller, Cartulaire de St-Leu d'Esserent, pp. 1-6) auquel l'abbé de Cluny réunit St-Michel dont les moines se transportèrent à St-Leu (p. 11).

Hugues avait causé des inquiétudes à Philippe Ier, qui fortifia Montmélian, aux frontières du Senlisois, pour se protéger contre ses atteintes (Rec. des Hist. de France, XI, 158, 410 ; XII, 135). Il finit ses jours sous la bure, à St-Leu d'Esserent (Müller, p. 17). Dès 1103, il était remplacé par Pierre, son fils (Cartulaire A de Montier-en-Der, coll. Baluze, XXXIX, fol. 239'). Celui-ci tomba malade à Rosnay en Champagne, d'où était originaire sa femme Eustachie (Müller, p. 16). Il y mourut un 13 septembre, en 1105 ou 1106 (Obit. de la prov. de Sens, I, 456) ; il fut inhumé à St-Leu d'Esserent où les moines qu'il avait appelés à ses derniers moments, ramenèrent son corps au prix de mille peines. Il y reposa près de son père et d'un frère aîné mort jeune (avant 1081). Il laissait d'Eustachie un fils qui lui succéda, certainement Hugues II qui dès lors exerçait les fonctions comtales. L'Art de vér. les Dates (II, 661) le fait à tort frère de Pierre. Les actes de Hugues Ier ne lui attribuent, sur la fin de sa vie, qu'un seul fils et trois filles ; Basle, Aélis, Eustachie (nom porté déjà par une tante, issue du comte Manassé, et dont une fille, Agnès, épousa Guillaume vicomte de Mantes). Mariée d'abord à Aubri Payen de Mello, Aélis se remaria à Lancelin II de Beauvais, qui après 1111, succéda à Hugues II. Lancelin eut d'elle quatre enfants, dont deux, Manassé et Rohais, relevèrent des prénoms de l'ascendance maternelle. Mais Dammartin passa à Aubri Ier, que par son prénom l'on peut croire issu de la première union d'Aélis ; Lancelin n'aurait été que son mainbour : on ne s'explique pas autrement, d'ailleurs, que la nombreuse postérité de ce sénéchal ait pu être exclue du comté dont il avait été titulaire.

306 La présence de Mathieu Ier, comte de Beaumont-sur-Oise, beau-frère de Bouchard IV de Montmorency, est intéressante à relever dans une charte intéressant St-Martin-des-Champs en 1108, car peu de temps après il confiait à la congrégation parisienne le prieuré de St-Léonor de Beaumont fondé par ses ancêtres. C'est dans la période qui sépare les bulles de Pascal II et de Calixte II (1107-1119) que St-Martin conquit ce nouvel établissement : la charte de Mathieu Ier, donnée en 1110 (nº138), suivit vraisemblablement de très près l'installation des moines parisiens dans son château.
226 Bouchard IV de Montmorency, qui épousa Agnès, fille de Raoul II Deliés et de Hahuis, du vivant de sa mère. La présence du roi désigné aux obsèques de Hahuis, prouve bien que cet événement est antérieur à la rupture de Bouchard IV avec Louis-le-Gros et au siège de Montmorency par ce dernier.
308 Pierrefonds, ca. Attichy, ar. Compiègne. — Pierre est l'aîné des fils de Nivelon II, châtelain de Pierrefonds, le neveu de Hugues, évêque de Soissons (1093-1103). Hugues persuada à son frère de donner à Marmoutier l'église de St-Mesme, dans la tour de son château de Pierrefonds. Nivelon II s'y décida « antequam pergeret in viam Hierusalem », donc avant 1102. Nivelon était alors l'époux d'Avoise qui lui avait donné quatre fils : Pierre, Ançoul, Nivelon III et Dreux (A. N. K. 20, nº 621 ; Gallia Christiana nova, X, Instrum., col. 106). Nivelon III devint sire de Pierrefonds après la disparition prématurée de son frère aîné Pierre et l'entrée dans les ordres d'Ançoul, archidiacre de Soissons dès 1113. Cf. le document 142, prouvant que c'est seulement quatorze ans après la donation qu'elle fut approuvée par Lisiard, successeur de l'évêque Hugues, et put sortir enfin son plein effet.
309 Intreville, ca. Janville, ar. Chartres.
a B ad.
254 Le comte Adolphe de Dion a identifié ainsi les divers enfants de Hugues Blavons cités dans cet acte, tous frères cadets du châtelain Ebrard III : Hugues II, châtelain du Puiset et vicomte de Chartres, comme tuteur de son neveu (1097-1106), puis comte de Jaffa, mort en Orient après 1110. — Gui, chanoine de Chartres en 1100, rentra dans le siècle pour épouser la fille de Marc, vicomte d'Etampes. Il administrait cette vicomté dès 1104, comme tuteur de son beau-frère Hervé, qui en fut titulaire de 1106 à 1108. Gui du Puiset reprit la tutelle de son neveu Hugues III et la garda jusqu'en 1109. Il est la tige de la branche de Meréville. — Galeran, seigneur de Villepreux, mort en Palestine en 1124. — Raoul n'est connu que par cette mention et une autre de 1110. — Un autre frère d'Ebrard III, Geudoin, était à cette époque religieux à Saint-Martin-des-Champs.