École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1096-1100

Nantier de Montjay et sa femme Eveline renoncent à leurs revendications sur l'autel de Champigny, donné par l'archidiacre Josselin, oncle d'Eveline, en 1066-67, à l'hôpital ou Maison-Dieu de St-Martin des Champs.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 17, nº 37.
  • a Marrier, Monasterii S. M, de C. historia, p. 488.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

Audiant filii matris Æcclesiæ quod Joscelinus archidiaconus24 altare de Campiniaco23 domui Dei Sancti Martini de Campis dedit ; quod eadem æcclesia longo tempore, nullo calumpniante, tenuit  ; Gaufrido, cujus nutu hoc factum est, Parisiace urbis existente episcopo. Sed pullulante Ejus invidia qui ait : « Ponam sedem meam ad Aquilonem et ero similis Altissimo », indeque elatus cecidit, nunquam recuperaturus, illos quos in loco sui nollet hereditare, prout potest, dentibus discerpit : animum Udonis fratris ejusdem Joscelini244 cujus favore hoc donum factum fuerat, in ardorem cupiditatis accendit, et altare supradicte æcclesiæ Sti Martini abstulit, quod per aliquod tempus, sub calumpnia et excommunicatione, tenuit. Dominus autem Jhesus qui peccatores expectat et quos vult salvos fieri ad penitentiam vocat, animum illius compunxit, et penitentia ductum, quod male habebat æcclesiæ restituit.

Deinde necdum cessante Diabolo, animum commovit Nainteri de Montegaio241, qui filiam Udonis habebat in conjugio, ut altare Campennini auferret æcclesiæ Sti Martini. Ille vero Angelo nequam credidit, et altare æcclesiæ, sine judicio et lege, sibi accepit. Sed Ursione priore qui, sub Hugone abbate Cluniacense, æcclesiam superius sepius repetitam regebat cum ceteris senioribus, calumpniante et cum eo placitante, judicio virorum catholicorum quod sese male accepisse agnovit, æcclesiæ Sti Martini, uxore ejus Avelina annuente, reddidit. Videntes autem seniores cum Ursione priore quia, cupiditate census, redditionem dilataverat, Nantero equum, uxori vero ejus sexaginta solidos Pruvinensium, propter duas uncias auri quas inde habere volebat, dederunt ; sicque ipse et uxor ejus calumpniam quam in altari illo faciebant, super sanctum altare Sti Martini deposuerunt.

Hoc testificentur, si opus fuerit, qui viderunt et audierunt et qui in hac cartula ad testificandum scripti sunt : Arroldus videlicet de Montemaurentiaco96, Petrus Senglarius98, Paganus de Montegaio241, Rotbertus de Canoilo152, Paganus filius Stephani, Hugo Expians-Verderiam, Walterius major, Warinus et Teudo fratres ejus36, Hugo, Warnerius ; Gaufredus et Fulco fratres, ambo cocci Sti Martini ; Herlebaldus de Vitreio35, Poncius filius Ebrardi de Nuiseio, Walterius filius Gundramni ; Georgius sacrista, Bernardus frater ejus ; Hugo Rufus de Aneto13 ; Rainaldus Ad Barbam, Rotgerius sartora, Theodericus pistor.


24 Josselin était archidiacre de Paris en 1063, lorsqu'il se fit élire évêque de Soissons. Il fut dénoncé au pape Alexandre II, qui cette même année écrivit aux prélats comprovinciaux pour empêcher qu'on ne le consacrât jusqu'à ce qu'il se fût justifié devant le Saint-Siège, en personne ou par un envoyé. Les lettres du Souverain Pontife visent « Ioscelinum qui, et archidiaconatum Parisiensem non modo pecunia sed etiam homicidio, et episcopatum Suessionensem simoniace, invaserat. « (Mansi, XIX, 978 ; Migne, Patrologia latina, t. 146, p. 1297 ; Jaffé-Lœwenfeld, 4519). Ces imputations ne pouvaient être fondées, car Josselin n'aurait pas, si la preuve en eût été faite, conservé pendant 34 ans l'archidiaconé de Josas. Mais il renonça à l'évêché de Soissons, dont Alard était titulaire en 1064. Josselin est cité dans les actes épiscopaux en qualité d'archidiacre de l'église de Paris, de 1067 (Guérard, Cartulaire de N-D. de Paris, IV, 110) à 1096 (Arch. de S.-et-O. Prieuré de Conflans). Il fut remplacé dès 1097 (Guérard, I, 306).

Son obit est mentionné au 3 novembre au nécrologe de St-Martin-des-Champs en ces termes : « Obiit Joscelinus archidiaconus. Officium fiat, cappa, in choro. Refectionem debet camerarius de terra Pentini, quam ipse emit ». Il mourut donc le 3 novembre 1096. (Molinier, Obit. de la province de Sens, t. I, p. 467).

23 Un autre état tout à fait distinct de la formule précédente est fourni par une copie de 1118 environ (Liber Testamentorum, ms. lat. 10977, fol. 1 nº 2). « Actum Parisium, III idus novembris, indictione xv, anno regni regis Philippi. « L'indiction donnerait 1062, l'année du règne 1065. M. Maurice Prou se prononce pour cette dernière date. La souscription du prévôt d'Orléans Maubert prouve que la rédaction de l'acte s'est effectuée dans cette ville. Peut-être la promesse avait-elle été faite à Paris, le jour de la fête de saint Martin, en 1062, ce qui expliquerait l'erreur d'indiction.

244 Cet Yon (Udo), frère de l'archidiacre Josselin et beau-père de Nantier de Montjay, serait-il le « Paganus Hericio, a fonte baptismatis nomen Hudo « seigneur de Neuilly-sur-Marne, très voisin de Champigny ? La notice 63 relatant un don qu'il fit à St-Martin comprend dans sa liste de témoins un homme-lige de l'archidiacre Josselin, et c'est aussi Nantier de Montjay qui approuve un acte de Hudo Paganus.

C'est après la mort successive de Geofroi et de Josselin que, vers 1097, le frère de l'archidiacre dut avoir la tentation de reprendre ce qui avait été donné à St-Martin. De même Nantier de Montjay n'en devint détenteur qu'à la mort de son beau-père.

96 Arrode de Montmorency figure comme témoin dans la notice 24, que nous avons proposé de fixer à l'année 1083 environ. La mort de ce seigneur se place dès lors après 1083 et probablement avant 1089, date où l'autel de Sevran fut donné aux moines de Cluny par l'évêque de Paris (Son frère Landri (Landricus de Oomonte) est cité seul dans la notice 83 vers 1098). Cependant la notice 90 peut le concerner, et dans ce cas, il aurait survécu à l'année 1096. Arrode de Montmorency était un chevalier banneret. Il laissa un fils nommé Aubri, qui doit être le père d'Arrode II (également chevalier d'après les termes d'une bulle d'Alexandre III en 1159), seigneur de Chevrent (Sevran). Étant devenu lépreux, celui-ci fut admis à l'hôpital St-Lazare, auquel il fit des libéralités de consentement de sa femme Richeud ; elles furent confirmées par Étienne, évêque de Paris, entre 1134 et 1142 (A. N. MM 210, nos xxi et liii).
98 Pierre Sanglier, appelé ailleurs Petrus Aper. Sa sœur Agnès épousa Adebran de Sevran (nº105 infrà). Pierre Sanglier fit une libéralité à St-Martin, de concert avec Adeline sa femme, et ses fils Simon et Pierre (nº106).
152 Chenou, ca. Château-Landon, ar. Fontainebleau (S.-et-M.).
36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.
35 Vitry-sur-Seine, ca. Ivry-sur-Seine, ar. Sceaux.
13 Annet-sur-Marne, ca. Claye-Souilly, ar. Meaux (Seine-et-Marne).
a B sator.