École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » XI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VII (1137-1180) » Paris, 31 mars — 24 octobre 1157

Le roi Louis VII imitant l'exemple de son père, confirme la fondation et la dotation du prieuré de Gournay-sur-Marne.

  • A Original scellé, Arch. nat., K 24, nº 13.
  • B Copie de 1223, Arch. nat., LL 1397, fol. 9-10 : « Visa et collata fuit presens carta ad suum autographum, cui, sub filis sericeis viridis coloris, adpendet sigillum in quo figura ipsius regis pro majestate regia sedentis, cujus circumscriptio vetustate corrosa est, nec legi potest. »
  • a Tardif, Mon. hist., nº 553, p. 287, d'après A.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
  • Bibl. Nat., ms. lat. 13817, fol. 401.
  • Luchaire, Actes de Louis VII, nº 326, p. 224.
D'après b.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Ecclesie de Gornaio, imperpetuuma. Ego Ludovicus, Dei gratia, Francorun rex. Jura possessionum ecclesiasticarum quas, ex debito administrationis regie, decet nos protegere, in lucem volumus deducere astipulatione nostre scripture, patris nostri bone memorie regis Ludovici emulantes exemplum, qui sigillo sue auctoritatis ecclesie Beate Marie de Gornaio72 fundatorum ejus et aliorum benefactorum firmavit elemosinas et donaria : videlicet ipsam ecclesiam cum clansuris et cum omni adjacente ambitu ; capellam de Gornaio, terram de Luabum286, molendinum apud Gornaium ; villamb Russiacum64, ecclesiam, nemus monachis et eorum hospitibus ad ardendum et hospitandum et ad proprie necessitatis usum ; Nusiellum63 et ecclesiam cum omnibus pertinentiis, scilicet hospitibus, terris, pratis, vineis, nemore et molendino ; decimam de Bercorellis,c decimam de Bercheriisd cum atrio ; totam decimam dee Pontalz64 ; apud Torci285 medietatem decime que dicitur Sancti Martini ; ecclesiam Essonie267 cum decima et atrio, et hospitibus in atrio manentibus ; apud Canoilum donum Alberti de Bri256, quicquid habebat ibi proprium, eccelesiam cum decima, prata, terram et nemora ; in vodo quod est inter Gornaium et Kalam, xv arpenta pratorum ; et terram et nemus de Campomussoso, terram et nemus quod dicitur Raimundi. Que omnia cum pater meus Rex predicte ecclesie firmaverit et monachis, Nos proinde rata habentes, in perpetuum confirmavimus.

Ceterum Galerannus, comes de Mellento, consanguineus noster363, proventu conjugali terram de Gornaio adeptus, uxoris sue Agnetis assensu, eidem ecclesie multa contulit beneficia : decimas omnium denariorum de Gornaif, de Cauda253, de Torci285, de Braio, de Villanova et de toto honore ad Gornaium et Caudam pertinente. Similiter omnes decimas omnium bladorum suorum de eodem honore in molendinis et in omnibus redditibus. Decimam vini de Villanova et de tribus modiis vini de Torci285. Decimam tocius redditus quem habet Parisius. Decimam ejus quem habet Medante. Apud Mellentum unumh modium salis. Medietatem duorum molendinorum que Gornai communiter cum monachis habebat, exceptis duobus modiis et dimidio frumenti, et tantumdem multurengie et duodecim solidis pruveniensibusj. Consuetudinem veniendi ad molendina, ab hominibus de Gornaio et Gagniaco345 dedit comes ecclesie, tali modo quod si qui frangentes consuetudinem ad alia molendina ire sive redire inventi fuerint, habent monachi sive famuli eorum potestatem capiendi eos et summarios eorum cum annona vel farina ; homines vero, quos ceperint, ad prepositos castelli, ad faciendam de eis justiciam adducent. Monasterium de Cauda253 et furnum, terram Ulrici janitoris, de Cauda liberam a censu quinque solidorum. Piscatoriam suam de Torci285 quamdiu dominus castri absens fuerit. Apud Russiacum64 censum vii solidorum, donum domine Agnetis de Livriaco358. In molendinis de Duvera, dimidium modium, medietatem frumenti, medietatem multurengie, quam emerunt monachi a filia Ambasaci364 per assensum comitis. Hec omnia ecclesie de Gornaio collata concessimus et laudavimus, et ut omnino et in pace ea teneant et quiete, scripto et sigillo regio muniri, et nominis nostri karactere precipimus.

Actum puplice Parisius, . Astantibus in palatio nostro quorum subposita sunt nomina et signa. S. comitis Theobaldi, dapiferi nostri. S. Guidonis, buticularii nostri. S. Mathei camerarii. S. Mathei constabularii.

Data per manum Hugonis (1) cancellarii.


a B omet l’intitulé.
72 Livry, Gournay-sur-Marne, Noisy-le-Grand, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (Cf. t. I, pp. 16, 168, 190).
286 Sur Luabum, cf. t. I, p. 257, note 380.Curbeci doit être corrigé en Curbetum (cf. nº300) : Courbeton, comm. de St-Germain-Laval, ca. Montereau-faut-Yonne, ar. Fontainebleau.
b Russiacum
63 Noisiel, ca. Lagny, ar. Meaux (Cf. t. I, p. 97, note 137).
c Trois mots omis par B.
d Trois mots omis par B.
e Pontelz B.
64 Roissy, Pontault, ca. Tournan, ar. Meaux (lb., note 141).
267 L'église paroissiale d'Essonncs (ca. et ar. Corbeil), dédiée à Saint-Etienne, appartenait à la dotation du prieuré de Gournay-sur-Marne, ainsi que celles de Berchères et Pontault (ca. Tournan, ar. Melun). Cf. la bulle d'Honoré II, de 1127, t. I, p. 294. — L'église d'Ozoir-la-Ferrière (ca. Tournan), déjà confirmée à St-Martin par une charte d'Etienne de Senlis, évêque de Paris, en 1124 (cf. t. I, p. 281), fut cédée au prieuré de Gournay par le prieur Eudes II en 1150 (nº319).
256 Bry-sur-Marne, ca. Nogent-sur-Marne, ar. Sceaux.

363 Par un acte daté de 1157, Galeran II, assurant au roi son fief de Gournay, fil avec Louis VII les accords qui suivent : « Les hommes de cette terre iront à l'est royale, mais reviendront dans la nuit, à moins qu'ils ne consentent spontanément à donner un plus long service. En cas de guerre entre la Couronne et le Comté de Meulan, la terre et le fief de Gournay resteront en paix, mais si le roi voulait enlever cette terre au comte, les habitants la défendraient. Le roi aidera les hommes de Gournay qui s'adresseront à sa cour, à obtenir justice en réparation des dommages qu'ils auraient subis. » Les garants du comte furent Raoul de Combault, Renaud de Pomponne, Guillaume III de Garlande, Dreux de Bry, Adam de Clacy (Bouquet, Recueil des historiens de France, XVI, 15 ; Luchaire, Actes de Louis VII, nº 385, p. 223). — Cette convention aurait eu pour corollaire la sauvegarde maintenue à l'église de Gournay.

Cependant la charte de Louis VII, dont l'original subsiste, bien que l'écriture semble du temps, ne va pas sans difficultés. On ne s'explique pas l'intermittence dans la latinisation des noms de lieu. Il est superflu de souligner le caractère insolite que présente, dans un diplôme du milieu du xiie siècle, la qualification « consanguineus noster « appliquée par la chancellerie à un personnage qui n'appartient point à l'agnation royale.

f Gornaio B.
253 Le 25 octobre 1145, commence la quinzième année de Louis VII à compter de son premier sacre. L'année pascale 1145 se termina le 30 mars 1146, veille de Pâques.
285 Champs-sur-Marne, Ferrières, Torcy, ca. Lagny, ar. Meaux.
h B omet « unum ».
j Pruviniensium B.
345 Gagny, ca. Le Raincy, ar. Pontoise.
285 Champs-sur-Marne, Ferrières, Torcy, ca. Lagny, ar. Meaux.
358 Agnès, dame de Livry, est la veuve de Guillaume II de Garlande, frère du sénéchal Anseau. Celui-ci possédait la terre de Roissy, qu'il donna à Notre-Dame de Gournay (nos157, 165), et qu'il avait recueillie dans la succession de Gui le Rouge, son beau-père. Les cens dont jouissaient Agnès et ses fils provenaient sans doute de concessions faites par Anseau à son frère. C'est de la même façon qu'Agnès, fille de Guillaume II de Garlande, tenait en fief de Galeran II de Meulan, héritier d'Anseau, une part des revenus du péage perçu par les châtelains de Gournay (nº341). Il est expliqué, dans les lettres de Thibaud, qu'Agnès de Livry concéda ce cens de Roissy avec l'assentiment de ses fils Gill. (sic) et Robert. Plus tard nous retrouverons, dans des listes de témoins : « Willelmus de Garlanda, Robertus Malusvicinus, Drogo de Melio, fratres. " Le terme " frater » est employé couramment au xiie siècle pour « sororius " de même que " filius " pour " privignus ». La charte nº341 nous montre que Robert (Mauvoisin) est l'époux d'Agnès, fille homonyme d'Agnès de Livry.
364 Le texte comporte ici une omission qui dénature l'origine de propriété de la rente. Cf. nos351 et 352.

1 Monogramme royal